• Sud-Ouest 29/11/2011 : Monsieur Arnaud et "ses" chats

    <figure min-height="0px 100px 200px 280px 360px">L'homme qui a fait de sa voiture une auberge pour chats<figcaption>

    Bernard Arnaud qui nourrit et soigne les chats errants, en héberge trois dans sa voiture.
    © PHOTO ANDRIEUX DOMINIQUE

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    Des vieilles bagnoles, on en voit de moins en moins. Y compris sur les parkings des HLM depuis que les bailleurs, au nom du sacro-saint cadre de vie de leurs clients, ont décidé de leur faire la chasse. Exception dans la cité du Midi que la SNCF avait aménagée à la fin des années 60 pour offrir un logement à ses cheminots.

    L'enquête commence sur la présence d'un véhicule de tourisme Ford, couleur tabac - intérieur non-fumeur -, de type Taunus, mais qui a perdu son tonus depuis belle lurette vu l'état des pneumatiques, complètement dégonflés. La vitre avant droite est à moitié baissée. Toc-toc ! Boudu (les Toulousains ajoutent quelque chose…), un chat, noir, roupille sur la plage arrière. Un autre, noir aussi, redresse la tête du genre, s'il avait la parole, « quoi, ma gueule, qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? » (Johnny Hallyday).

    Notre oreille est attirée des miaous extérieurs d'un, puis de deux, puis de trois chats.

    Et puis s'en va l'enquêteur d'un jour.

    « Le Papi des chats »

    « C'est le Papi des chats. Y'en a tout plein qui habitent dans sa voiture. Il est gentil, il leur donne à manger », raconte Clémence, une petite fille de la cité du Midi accompagnée de sa maman. « C'est M. Arnaud. Ici, tout le monde le connaît ; on l'appelle l'Homme aux chats », nous précise une locataire de l'immeuble 3.

    Sa première réaction est celle d'un homme à qui il semble tout à fait naturel d'être l'ami des animaux.

    Et quel ami, mes aïeux ! « J'ai compté jusqu'à 28 chats. Mais, aujourd'hui, il n'y en a plus que la moitié. Mais il n'y a que deux locataires, dont Petit Cœur, une petite chatte toute douce, qui viennent dans la voiture. Trois tout au plus », raconte Bernard Arnaud.

    Il poursuit. « Étant enfant, il y a toujours eu des chiens et des chats chez moi. L'amour des animaux ne se perd pas, mais ce n'est vraiment qu'une fois à la retraite que ma femme, une passionnée de chats, m'a donné le virus. Celui-là ne se soigne pas », sourit-il.

    Le locataire de la SNCF sait quand il a commencé à se développer. Il ne faisait pas très chaud lorsqu'il s'est pris de pitié pour « une petite chatte noire » (une autre que Petit Cœur). « J'ai baissé un peu la vitre et elle est venue s'abriter », se souvient-il.

    Les chats errants se sont passé le tuyau, mais très peu ont élu domicile dans la Ford, définitivement reconvertie en abri pour chats depuis 2003. M. Arnaud raconte : « L'auberge a tellement bonne presse que les chats domestiques viennent "casser la croquette", le pâté. Mieux encore : j'ai vu un hérisson manger dans la même gamelle qu'un chat mais je n'avais jamais l'appareil photo avec moi », regrette le cheminot.

    Bernard Arnaud s'adonne à sa passion sans être inquiété sur le plan sanitaire. Adhérent de L'École du chat, il applique l'objectif de cette association de Gradignan dont l'action essentielle porte sur la stérilisation des animaux errants. « À un moment, il y en avait trop », relève une voisine du Papi des chats. « Il vaut mieux en voir moins et bien s'en occuper. »

    Un conseil superflu pour M. Arnaud. « Je viens les voir quatre fois par jour : à 7 h 30, midi, 18 h 30 et 22 h 30. J'y passe cinq heures. Ça prend du temps », ironise-t-il. De l'argent aussi. Mais comme il ne veut pas que ce soit dit, indiquons une bonne centaine d'euros mensuels pour le budget nourriture. Bernard Arnaud pousse la délicatesse jusqu'à payer 37 euros d'assurance par an pour sa voiture.

    Petit détail : M. Arnaud et son épouse ont sept chats chez eux, dont des spécimens provenant de la rue.

    http://www.sudouest.fr/2011/11/29/l-homme-qui-a-fait-de-sa-voiture-une-auberge-pour-chats-566092-3228.php