• L'histoire de Coucounet (COUCOUNET CHERCHE UNE FAMILLE POUR LA VIE !)

    coucounetPar Maria...

    « Coucounet est né il y a 2 ans entre la Garonne et la fin de la rocade, en face du conservatoire de Bordeaux. Un monsieur qui s'appelle Bernard et qui nourrissait sa mère, les a vu apparaître un soir, lui et ses 5 frères et sœurs, alors qu'ils n'avaient pas plus de 2 mois. Bernard s'est donc mis à nourrir toute la famille, bien qu'il ne parvienne jamais à en carresser aucun. Les petits ont grandi, certains ont disparu et la maman est partie. Au bout d'une dizaine de mois ne restaient plus que 3 chats, devenus adultes, auxquels Bernard, qui étaient malheureusement sans domicile fixe et qui dormait sous le pont St Jean, s'est attaché. Il leur a donc donné un nom : Beauty pour la femelle écaille de tortue, Coyotte pour le mâle gris, et Coucounet pour le mâle noir et blanc.

    Au printemps suivant, Beauty a mis bas et quelques semaines plus tard, c'est 4 chatons roux qu'elle a amené aux gamelles près du sac de couchage de Bernard. Il s'est alors rendu compte qu'il fallait agir s'il ne voulait pas avoir à nourrir bientôt une trentaine de chats errants. C'est à ce moment-là que Bernard a contacté l'Ecole du Chat. Maria, l'une de nos bénévoles, s'est déplacée pour évaluer la situation. Il ne restait que 2 chatons roux, les autres ayant déjà disparu. Elle a donc posé des cages pour essayer dans un premier temps d'attraper la mère, de nouveau pleine, et les petits. Mais Beauty s'est révélée très maline, et malgré les multiples tentatives, impossible de la faire entrer dans la trappe. Un des 2 chatons a été pris assez rapidement. Malheureusement, il est mort quelques jours plus tard du typhus. Branle-bas de combat : les captures furent mises en attente le temps d'écarter tout risque de contamination par le typhus pour d'autres chats de l'association.

    Trois mois plus tard, Maria a trappé le second chaton, Nono, en pleine santé, qui avait bien grandi, et que Bernard avait socialisé. Il a été adopté par une famille qui en est très contente. Puis Beauty a mis-bas, et c'est 3 chatons de plus, tous noirs cette fois, qu'elle a récupéré. Toutefois, impossible d'avoir la mère, jusqu'au jour où elle s'est laissée enfermée par des ouvriers dans le transformateur EDF, sous lequel elle avait fait ses derniers petits. Entre-temps, le sol avait été entièrement goudronné, et la chatte ne pouvait plus sortir. Bernard la cherchait et l'a localisée, attiré pas des miaulements de détresse. Il a fallu beaucoup d'entêtement et de nombreux coups de fil à EDF de ce brave homme et de Maria pour qu'enfin, après 4 jours d'attente, les dépanneurs daignent leur ouvrir la porte pour qu'ils puissent placer une cage. Beauty, effrayée, s'était engouffrée dans un tuyau d'où on ne pouvait la sortir. Quel soulagement quand le lendemain, au retour du dépanneur, on la découvrit dans la trappe ! Il fût ensuite décidé, pour sa sécurité, de la transférer dans un site à la campagne, où une dame nourrit des chats libres "sauvages" de l'association.

     
    A partir de ce moment-là, Coucounet s'est retrouvé tout seul, sans sa famille. Bernard continuait à s'en occuper, mais n'arrivait toujours pas à l'approcher à plus d'un mètre. Aucune aggressivité de sa part, seulement une grande crainte, et aussi de la tristesse, lui qui avait toujours vécu au milieu de ses frères et soeurs, puis des chatons dont il s'occupait très bien. Coyotte, gros matou bagarreur, ne venait plus que très rarement à la gamelle, puis ne vint plus du tout. Enfin, Bernard trouva un logement. Il était ravi, car les nuits sont bien froides l'hiver dehors, mais en même temps, il était triste de laisser Coucounet seul. Maria essaya encore de l'attraper, sans résultat. Bernard revenait nourrir Coucounet, mais ne le voyait plus. Et d'un coup, les gamelles ne se vidaient plus : Coucounet avait disparu. Mais Bernard n'abandonna pas. Il revenait sans cesse le soir, l'appellait, remplissait des gamelles qui étaient mangées par les pigeons ou les rats, fouillait les alentours, questionnait les nouveaux venus...
     
    Un mois plus tard, il l'aperçut enfin de l'autre côté de la rocade, en train de fouiller une poubelle. Le pauvre Coucounet, tout grassouillet auparavant, était très maigre et tout sale, il avait dû traverser, effrayé par les nouveaux arrivants et leurs chiens, sans oser revenir manger. Il faut dire qu'aux beaux jours, beaucoup de nouvelles tentes se plantent en bord de Garonne, là où personne n'est dérangé par la vue de la misère humaine, cachées derrière un long et haut mur. Bernard reprit espoir. Un copain à lui, Domingo, qui vivait un peu plus loin dans une tente, attira Coucounet avec de la nourriture, et notre bénévole posa une nouvelle fois une cage. Bernard resta 3 nuits dormir là, pour essayer de l'avoir, sans résultat. La semaine suivant, il renouvela l'opération, sans grande conviction. Et cette fois, miracle, Coucounet entra dans la cage durant ce qui devait être la dernière tentative ! Après plus d'un an d'essais, quelle n'était pas la joie de cet homme exceptionnel quand il appela notre bénévole pour lui annoncer la bonne nouvelle (à 6h du matin ! L'impatience...).
     
    Heureuse, Maria n'était pourtant pas tout à fait soulagée. Qu'allait-elle faire de Coucounet ? Ce chat n'était pas sociable, et donc pas adoptable... Elle proposa à Bernard de le faire stériliser et tatouer, afin de le protéger des bagarres et des maladies, mais il fallait le relâcher. Et personne ne veut d'un chat qu'il ne peut pas toucher dans son jardin, malheureusement ! Le pauvre Bernard n'a pas le droit d'avoir d'animaux dans son nouveau foyer. Domingo se proposait pour qu'on le relâche sur son futur terrain, à Bastides, mais il aurait fallu l'y laisser seul pendant un bon mois, jusqu'à l'emménagement... Le soir, notre bénévole récupéra Coucounet chez le vétérinaire. A sa grande surprise, il miaulait et se frottait à la porte de sa cage en ronronnant ! Elle approcha ses doigts, et contre toute attente, Coucounet se laissa gratter, tout content ! Une fois rentrée chez elle, elle lui ouvrit, et Coucounet monta sur ses genoux, se roulant le ventre en l'air, comme un vrai chat de compagnie, lui qu'on n'avait jamais pu toucher ! Comme s'il sentait qu'il jouait là sa dernière carte et qu'il fallait saisir sa chance ! Cela changeait tout : il fût alors décidé de garder Coucounet au sein de l'association pour le faire adopter. Mathilde, une autre de nos bénévoles, se proposa pour le prendre en accueil chez elle, et depuis Coucounet attend SA famille, à l'abri et au chaud, loin du tumulte de la circulation et des course-poursuites avec les chiens.

    D'après Mathilde, Coucounet est adorable, très propre, et ressemble à n'importe quel chat qui serait né dans une maison. C'est un amour de chat. Mais il peut être un peu craintif quand il y a trop de bruits nouveaux, ou se cacher quand il ne connait pas. Très maigre à son arrivée (3kg pour un mâle adulte), il a déjà bien grossi. Bernard et Maria lui ont rendu visite dans sa famille d'accueil, mais il semble que le pauvre chat ait été un peu stressé par ces odeurs et ces voix de son passé. Il s'est caché dans un premier temps, puis s'il a fini par accepter de se laisser caresser, il n'a pas réussi à se détendre complètement. Sans doute a-t-il eu peur qu'on vienne pour le ramener dans cet endroit où il a tant de difficiles souvenirs ?

     
    Bernard, quant à lui, est enfin rassuré et peut s'occuper de reconstruire sa vie, loin de ce pont, il sait que Coucounet est entre de bonnes mains. Sa plus grande angoisse était qu'il lui arrive quelque chose, lui qui est cardiaque, et que ce gentil chat se retrouve livré à lui-même, seul au monde, terré dans son trou sous le pont, effrayé et affamé. Grâce aux bons soins et surtout à la persistance d'un homme, Coucounet, gentil petit chat noir et blanc est sauvé. Nous remercions Bernard, lui souhaitons beaucoup de bonheur et un bon départ dans sa nouvelle vie ! »


    Photo :
    en haut à gauche : Beauty enfermée dans le transformateur
    en bas à gauche : l'un des chatons de la deuxième portée de Beauty
    à droite : Coucounet à son arrivée chez Maria